 |
Ce petit recueil accompagnait, en 1854, les Filles de feu.
Ces douze sonnets sont parmi les plus mystérieux de toute
la littérature française. De fait, Nerval a désiré
fusionner ici ses expériences personnelles avec les préceptes
de diverses doctrines ésotériques, comme si les
événements qu'il vivait, comme si les amours qu'il
éprouvait étaient tout autant de signes que le destin
lui manifestait et qu'il se devait dès lors de couler dans
la langue la plus magique et la plus hiératique qui soit.
Depuis cent cinquante ans, les lecteurs s'interrogent donc devant
ces courtes pièces, parmi les plus belles issues du romantisme
français. De fait, la connaissance de la biographie de
Nerval (cf. notamment les liens du poète avec Jenny Colon
qui inspira Myrtho et dont les
cheveux flamboyants expliquent quelques-unes des allusions au
feu contenues dans le recueil); une connaissance aussi de la généalogie
imaginaire du poète (cf. là-dessus les mentions
à Lusignan et Biron contenues dans El
Desdichado); celle de la Cabale et des mythologies égyptiennes
et grecques, ne sont pas de trop pour permettre une compréhension
ne serait-ce qu'approximative du recueil. Mais, étrangement,
même l'intelligence imparfaite de ses vers n'empêchent
pas les Chimères d'exercer une fascination véritable
sur le lecteur, pour peu que celui-ci sache, à partir des
intuitions de Nerval, imaginer des correspondances et des résonances
nouvelles.
|