Toutes les pensées, toutes
les passions qui agitent
le cur mortel sont les esclaves de l'amour.
Coleridge
Encore
un printemps, - encore une goutte de rosée, qui se
bercera un moment dans mon calice amer, et qui s en échappera
comme une larme !
O ma jeunesse, tes joies ont été glacées par les
baisers du temps, mais tes douleurs ont survécu au temps qu'elles
ont étouffé sur leur sein.
Et vous qui avez parfilé la soie de ma vie, ô femmes
! s'il y a eu dans mon roman d'amour quelqu'un de trompeur, ce
n'est pas moi, quelqu'un de trompé, ce n'est pas vous !
O printemps ! petit oiseau de passage, notre hôte
d'une saison qui chante mélancoliquement dans le cur du
poète et dans la ramée du chêne !
Encore un printemps, - encore un rayon du soleil
de mai au front du jeune poète, parmi le monde, au front du vieux
chêne, parmi les bois !
Paris, 11 mai 1836.
|