Le Spleen de Paris, aussi intitulé Les Petits Poèmes
en prose, a été publié en 1869 par Asselineau
et Banville dans le cadre d'une édition «définitive»
des oeuvres poétiques et critiques de Baudelaire. Quelques-unes
de ces pièces avaient été rédigées
dans les années 1850, mais la plupart l'ont été
entre 1860 et 1865, c'est-à-dire à une époque
où Baudelaire n'écrivait presque plus de vers. En 1865,
Baudelaire rédigea un projet de recueil dans lequel l'ordre
et le choix des cinquante poèmes du recueil ont été
fixés. C'est d'ailleurs en vue de ce projet que le poète
a écrit sa Dédicace à
Arsène Houssaye, là où il rend compte
de l'esprit dans lequel il a rédigé et dans lequel il
faut lire son livre. Le travail d'édition s'est donc appuyé
sur ces données. L'Épilogue,
lui, était destiné à clore une nouvelle publication
des Fleurs du Mal et sa présence
dans Le Spleen de Paris n'est donc due qu'à l'initiative d'Asselineau
et Banville.
Quoi qu'il en soit, et comme il le rapporte dans sa Dédicace,
l'intérêt de Baudelaire pour les poèmes en prose
lui est venu de la lecture du Gaspard de la nuit d'Aloysius
Bertrand. Dans ce petit livre, Bertrand avait mis en oeuvre une poésie
sans métrique et sans rythme au sens de la prosodie traditionnelle,
mais aussi délicate et ouvragée que le plus précieux
des sonnets. Pourtant, c'est bien avec Baudelaire, puis après
lui grâce à Rimbaud et aux poètes surréalistes,
que le genre s'est imposé tout à fait.
Au contraire de Bertrand dont l'imagination s'excitait surtout de
légendes anciennes, Baudelaire a voulu que son oeuvre s'attache
au monde moderne. Plus encore que dans Les
Tableaux parisiens, il s'est intéressé à
la Modernité telle qu'elle se vit dans une grande ville, c'est-à-dire
qu'il a voulu à capter ce qu'il y a d'éternel et d'essentiel
dans les scènes multiples, variées mais en apparence
aussi brèves qu'une étincelle que nous propose l'univers
urbain.
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